Produit scalaire
1. Produit scalaire de deux vecteurs
Définition
Soient u⃗ et v⃗ deux vecteurs non nuls du plan.
On appelle produit scalaire de u⃗ et v⃗ le nombre réel noté u⃗.v⃗ défini par :
u⃗.v⃗=∣∣u⃗∣∣×∣∣v⃗∣∣×cos(u⃗,v⃗)
Remarques
Attention : le produit scalaire est un nombre réel et non un vecteur !
On rappelle que ∣∣AB∣∣ (norme du vecteur AB) désigne la longueur du segment AB.
Si l'un des vecteurs u⃗ ou v⃗ est nul, cos(u⃗,v⃗) n'est pas défini; on considèrera alors que le produit scalaire u⃗.v⃗ vaut 0
Le cosinus d'un angle étant égal au cosinus de l'angle opposé : cos(u⃗,v⃗)=cos(v⃗,u⃗). Par conséquent u⃗.v⃗=v⃗.u⃗
Exemple
ABC est un triangle équilatéral dont le côté mesure 1 unité.
AB.AC=AB×AC×cos(AB,AC)=1×1×cos3π=21
Propriété
Deux vecteurs u⃗ et v⃗ sont orthogonaux si et seulement si : u⃗.v⃗=0
Démonstration
Si l'un des vecteurs est nul le produit scalaire est nul et la propriété est vraie puisque, par convention, le vecteur nul est orthogonal à tout vecteur du plan.
Si les deux vecteurs sont non nuls, leurs normes sont non nulles donc :
u⃗.v⃗=0⇔∣∣u⃗∣∣×∣∣v⃗∣∣×cos(u⃗,v⃗)=0⇔cos(u⃗,v⃗)=0⇔u⃗ et v⃗ sont orthogonaux
Propriété
Pour tous vecteurs u⃗,v⃗,w⃗ et tout réel k :
(ku⃗).v⃗=k(u⃗.v⃗)
u⃗.(v⃗+w⃗)=u⃗.v⃗+u⃗.w⃗
Définition et propriété
Soit u⃗ un vecteur du plan. Le carré scalaire de u⃗ est le réel positif ou nul :
u⃗2=u⃗.u⃗=∣∣u⃗∣∣2
Démonstration
Le cosinus d'un angle nul vaut 1 donc cos(u⃗,u⃗)=1. Par conséquent :
u⃗.u⃗=∣∣u⃗∣∣×∣∣u⃗∣∣×cos(u⃗,u⃗)=∣∣u⃗∣∣2
Théorème
Pour tous vecteurs u⃗ et v⃗ :
u⃗.v⃗=21(∣∣u⃗+v⃗∣∣2−∣∣u⃗∣∣2−∣∣v⃗∣∣2)
Démonstration
∣∣u⃗+v⃗∣∣2=(u⃗+v⃗)2=u⃗2+2(u⃗.v⃗)+v⃗2=∣∣u⃗∣∣2+2(u⃗.v⃗)+∣∣v⃗∣∣2
Par conséquent :
∣∣u⃗+v⃗∣∣2−∣∣u⃗∣∣2−∣∣v⃗∣∣2=2(u⃗.v⃗)
et l'on obtient l'égalité souhaitée en divisant chaque membre par 2.
Remarque
De la même manière, en développant (u⃗−v⃗)2 on obtient :
u⃗.v⃗=21(∣∣u⃗∣∣2+∣∣v⃗∣∣2−∣∣u⃗−v⃗∣∣2)
Exemple
ABCD est un parallélogramme tel que AB=6, AC=4 et BC=5.
On souhaite calculer AB.AD.
AB.AD=21(∣∣AB+AD∣∣2−∣∣AB∣∣2−∣∣AD∣∣2)
Or AB+AD=AB+BC=AC d'après la relation de Chasles. Par conséquent :
AB.AD=21(∣∣AC∣∣2−∣∣AB∣∣2−∣∣AD∣∣2)
AB.AD=21(AC2−AB2−AD2)
AB.AD=21(16−36−25)=−245
Théorème
Soient A,B,C trois points du plan et H la projection orthogonale de C sur la droite (AB)
Alors :
AB.AC=AB×AH si l'angle BAC est aigu
AB.AC=−AB×AH si l'angle BAC est obtus
Ici : AB.AC=AB×AH
Exemple
Sur la figure ci-dessus où l'unité est le carreau, le point C se projette orthogonalement sur la droite (AB) en un point H (non représenté) tel que AH=2.
Par conséquent, l'angle BAC étant aigu :
AB.AC=AB×AH=3×2=6
Théorème
Le plan étant rapporté à un repère orthonormé (O;i⃗,j⃗), soient u⃗(x;y) et v⃗(x′,y′) deux vecteurs du plan; alors :
u⃗.v⃗=xx′+yy′
Démonstration
Dire que u⃗ a pour coordonnées (x;y) signifie que u⃗=xi⃗+yj⃗. De même v⃗=x′i⃗+y′j⃗
u⃗.v⃗=(xi⃗+yj⃗).(x′i⃗+y′j⃗)=xx′i⃗2+xy′i⃗.j⃗+x′yi⃗.j⃗+yy′j⃗2
Or, comme le repère (O;i⃗,j⃗) est orthonormé, i⃗2=∣∣i⃗∣∣2=1, j⃗2=∣∣j⃗∣∣2=1 et i⃗.j⃗=0. Par conséquent :
u⃗.v⃗=xx′+yy′
2. Applications du produit scalaire
Théorème (de la médiane)
Soient ABC un triangle quelconque et I le milieu de [BC]. Alors :
AB2+AC2=2AI2+2BC2
Propriété (Formule d'Al Kashi)
Soit ABC un triangle quelconque :
BC2=AB2+AC2−2AB×ACcos(AB,AC)
Remarque
La démonstration est faite en exercice : Exercice formule d'Al Kashi
Si le triangle ABC est rectangle en A alors cos(AB,AC)=0. On retrouve alors le théorème de Pythagore.
Définition (Vecteur normal à une droite)
On dit qu'un vecteur n⃗ non nul est normal à la droite d si et seulement si il est orthogonal à un vecteur directeur de d.
Vecteur n⃗ normal à la droite d
Théorème
Le plan est rapporté à un repère orthonormé (O,i⃗,j⃗)
La droite d de vecteur normal n⃗(a;b) admet une équation cartésienne de la forme :
ax+by+c=0
où a, b sont les coordonnées de n⃗ et c un nombre réel.
Réciproquement, l'ensemble des points M(x;y) tels que ax+by+c=0 (a,b,c étant des réels avec a≠0 ou b≠0) est une droite dont un vecteur normal est n⃗(a;b).
Théorème (équation cartésienne d'un cercle)
Le plan est rapporté à un repère orthonormé (O,i⃗,j⃗).
Soit I(xI;yI) un point quelconque du plan et r un réel positif.
Une équation du cercle de centre I et de rayon r est :
(x−xI)2+(y−yI)2=r2
Démonstration
Le point M(x;y) appartient au cercle si et seulement si IM=r. Comme IM et r sont positif cela équivaut à IM2=r2. Or IM2=(x−xI)2+(y−yI)2; on obtient donc le résultat souhaité.
Exemple
Le cercle de centre Ω(3;4) et de rayon 5 a pour équation :
(x−3)2+(y−4)2=25
x2−6x+9+y2−8y+16=25
x2−6x+y2−8y=0
Ce cercle passe par O car on obtient une égalité juste en remplaçant x et y par 0.
Une autre utilisation du produit scalaire est la démonstration des formules d'addition des sinus et cosinus (voir exercice soustraction des cosinus)