Variables aléatoires - Loi des grands nombres
1. Opérations sur les variables aléatoires
Dans toute cette partie, on se place dans un univers fini et on considère deux variables aléatoires et définies sur cet univers.
Définition (Somme de variables aléatoires)
Si la variable aléatoire prend les valeurs (avec ) et si la variable aléatoire prend les valeurs (avec ), la variable aléatoire est la valeur aléatoire :
qui prend toutes les valeurs possibles de pour et
telle que la probabilité est la somme des probabilités de tous les événements pour lesquels .
Exemple
On lance deux pièces de monnaie parfaitement équilibrées et on considère les variables aléatoires :
X qui prend la valeur 0 si la première pièce tombe sur « Pile » et la valeur 1 si la pièce tombe sur « Face »
Y qui prend la valeur 1 si la première pièce tombe sur « Pile » et la valeur 2 si la pièce tombe sur « Face »
La variable aléatoire peut alors prendre les valeurs , et .
Les probabilités sont :
si les lancers sont indépendants.
si les lancers sont indépendants.
si les lancers sont indépendants.
Définition (Produit par un réel)
Soit et deux nombres réels et la variable aléatoire qui prend les valeurs (pour).
La variable aléatoire est la variable aléatoire qui prend les valeurs avec les probabilités
Exemple
On lance un dé à 6 faces non truqué. On note la variable aléatoire qui donne le résultat du dé. La loi de probabilité de X est donnée par le tableau :
1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 | |
La variable aléatoire fait correspondre à chaque lancer le double du résultat du dé augmenté de 1 ; sa loi est la suivante :
3 | 5 | 7 | 9 | 11 | 13 | |
Définition (Variables aléatoires indépendantes)
Soit une variable aléatoire prenant les valeurs (avec ) et une variable aléatoire prenant les valeurs (avec ).
On dit que les variables aléatoires et sont indépendantes si et seulement si, pour tout () et tout (), les événements et sont indépendants.
Remarque
D'après la définition de l'indépendance vue en Première, cela signifie que pour tout ( ) et tout ( ) :
Propriété
Soient et deux variables aléatoires définies sur et un nombre réel, alors :
Exemples
Si l'on reprend le premier exemple (lancer de deux pièces), la loi de est :
0 1
La loi de est :Et la loi de est :1 2 On a alors :1 2 3
et :
Par conséquent .
Si l'on reprend le second exemple (lancer d'un dé), on a :
et :
Donc .
Propriété)
Soient et deux variables aléatoires indépendantes définies sur :et un nombre réel, alors :
Soient une variable aléatoire définie sur et et deux nombres réels, alors :
Remarque
Comme l'écart-type est égal à la racine carrée de la variance on a (si et sont indépendantes) :
2. Concentration - Loi des grands nombres
Définition
Un échantillon d'une loi de probabilité est une liste de variables aléatoires identiques et indépendantes qui suivent toutes cette loi.
Exemple
On réalise l'expérience qui consiste à tirer, au hasard, une boule d'un sac contenant cinq boules numérotées de 1 à 5 et on considère la variable aléatoire égale au numéro de la boule tirée.
Si on effectue fois cette expérience (avec remise) et si l'on suppose les tirages indépendants, on crée un échantillon de variables aléatoires suivant une loi uniforme sur l'ensemble .
Définition (Moyenne d'un échantillon)
Si est un échantillon d'une loi de probabilité, la moyenne (ou moyene empirique) de cet échantillon est la variable aléatoire définie par :
Exemple
Par exemple on lance 60 fois un dé . On obtient 11 fois la face « 6 ».
Le nombre moyen de « 6 » obtenus à chaque lancer est (moyenne empirique) alors que l'espérance d'obtenir un « 6 » à un lancer est .
Propriété
Soit est un échantillon d'une loi de probabilité d'espérance , de variance et d'écart-type , alors, l'espérance mathématique, la variance et l'écart-type de la moyenne sont :
Exemple
On reprend l'exemple du tirage d'une boule parmi six numérotées de 1 à 6.
Un calcul simple montre que, pour chaque tirage, l'espérance est , la variance et l'écart-type .
Si l'on effectue tirages et que l'on désigne par la moyenne des numéros tirés, suit une loi de paramètres :
Remarque
On remarque que, quand la taille de l'échantillon augmente, l'espérance mathématique de la moyenne ne change pas tandis que sa variance et son écart-type diminuent. Cette observation sera détaillée par la suite.
Propriété (Inégalité de Bienaymé-Tchebychev)
Soit une variable aléatoire d'espérance mathématique et d'écart-type .
Pour tout nombre réel strictement positif :
Remarques
En posant , l'inégalité de Bienaymé-Tchebychev peut aussi s'écrire .
On rappelle que représente la distance entre et .
Intuitivement, l'inégalité de Bienaymé-Tchebychev signifie donc que la probabilité que prenne des valeurs éloignées de son espérance est faible (notamment si son écart-type est faible).
Exemple
L'espérance de gain à un jeu est de 10 euros et l'écart-type de 1 euro.
On cherche à minorer la probabilité que le gain soit compris dans l'intervalle en utilisant l'inégalité de Bienaymé-Tchebychev.
Soit la variable aléatoire représentant le gain. Ce gain est compris dans l'intervalle si et seulement si .
Or cet événement est l'événement contraire de et d'après l'inégalité de Bienaymé-Tchebychev :
Donc la probabilité que le gain soit compris dans l'intervalle est supérieure à .
Propriété (Inégalité de concentration)
Soit un échantillon d'une loi de probabilité d'espérance mathématique et d'écart-type .
On note la moyenne empirique définie par .
Pour tout réel strictement positif :
.
Démonstration
On applique l'inégalité de Bienaymé-Tchebychev à en tenant compte du fait que et .
Propriété (Loi faible des grands nombres)
Soit un échantillon d'une loi de probabilité d'espérance mathématique et de moyenne empirique .
Alors, pour tout réel :
.
Remarque
Le résultat précédent signifie que la probabilité que la moyenne empirique s'éloigne de l'espérance mathématique devient très faible pour les grands échantillons.